Dans l’article précédent [1], nous avions abordé les problèmes rencontrés lors du passage à la facturation électronique en Estonie. Ces retours d’expérience sont intéressants étant donné qu’il existe certaines similitudes entre le système de facturation électronique en Estonie et celui en France.

Les technologies émergentes, comme l’Intelligence Artificielle, du Robotic Process Automation (RPA) ou du Blockchain sont sans doute des solutions prometteuses pour augmenter l’efficacité des systèmes de facturation électronique.

Dans cet article, toujours via le cas de l’Estonie, nous allons nous intéresser aux perspectives de la facturation électronique, en particulier en matière d’automatisation des processus métiers. En effet, la facturation électronique constitue une base importante sur laquelle les différentes briques d’un business peuvent être reliées à l’aide desdites technologies. Cette automatisation est souvent considérée comme la clé pour relever bon nombre de défis économiques [2].

L’état actuel

automatisation des processus business

En Estonie, même si tous les processus ne sont pas encore entièrement automatisés, les choses avancent dans la direction de l’automatisation. En effet, les plateformes de facturation électronique principales proposent déjà des solutions pour les processus de Order to Cash (O2C) ou Purchase to Payment (P2P)[3].

Ces solutions se basent principalement sur une “imitation” des tâches simples et répétitives d’un travail humain. Par exemple, un travail peut consister à ouvrir une facture, copier les données, les coller dans le logiciel de pré-comptabilité, sauvegarder, ouvrir la boîte mail, rédiger un mail, envoyer le mail au valideur. Avec un processus automatisé, c’est l’ordinateur qui réalise ces sept tâches d’une manière instantanée. Cette approche basée sur des règles est bien adaptée pour des tâches manuelles répétitives [4].

On peut noter quelques processus étant déjà ou potentiellement automatisables :

  • Déclaration TVA (e-reporting) automatisée
  • E-ordering (bon de commande électronique)
  • E-receipt (bon de réception électronique)
  • Réconciliation des paiements automatisée
  • Paiement automatisé
  • Workflow de facturation automatisé

Les opportunités

L’étude de Gunaratne et al. [3] montre le résultat d’une enquête auprès de 224 employés des entreprises Baltiques, dont 114 venant de l’Estonie, sur les fonctionnalités qu’elles souhaitent avoir. Ci dessous, ressortent les trois fonctionnalités les plus demandées. la tendance de l’automatisation est nette.

  • des comptes fournisseurs (Account Payable), 82%
  • des comptes clients (Account Receivable) – 82%
  • du calcul des taxes – 77%

Les autres fonctionnalités demandées sont liées directement à la facturation, à savoir : le contrôle qualité (65%), le pré-traitement (58%) et la génération automatique de facture (56%), l’analyse des données (47%).

Les technologies émergentes

Dans le rapport [3], Gunaratne et al. repèrent via des entretiens individuels les technologies émergentes qui pourraient non seulement répondre aux problèmes constatés [1], mais aussi faciliter l’automatisation des processus métiers. De plus, les interviewés perçoivent ces technologies plutôt d’une manière positive.

Intelligence Artificielle

L’IA est actuellement implémentée mais n’est pas encore entièrement exploitée sur les plateformes Estoniennes. Selon les experts, cette technologie paraît être très intéressante pour les comptes clients, par exemple dans

  • l’analyse des factures et l’extraction des données
  • le contrôle qualité
  • l’automatisation des saisies comptables
  • l’analytique (analyses de données, prédictions, etc)

Les défis principaux de l’IA sont les coûts (de données et leur entrainement, de l’implémentation) et la fiabilité des résultats (on peut parler aussi de la confiance).

Blockchain

La blockchain peut être utilisée pour :

  • Assurer l’intégrité des données d’une facture
  • Garder une trace des changements, statuts des factures. Cela peut être utile pour constituer une piste d’audit fiable

Cette technologie a été envisagée par l’une des plateformes Estoniennes, mais pour diverses raisons, ils n’ont pu aller jusqu’au bout car

  • Le coût de développement en terme de ressources humaines et de la complexité est importante.
  • Le coût d’infrastructure est important du à la puissance des calculs nécessaire.
  • Les obligations en terme d’authentification et de sécurité ne sont pas imposées réglementairement.

Robotic Process Automation (RPA)

Pour le moment, aucune plateforme estonienne n’a implémenté le RPA mais cette technologie est tout de même considérée comme une solution d’avenir pour par exemple :

  • Insérer des données dans les systèmes de facturation électronique
  • Matching des données
  • Matching des factures avec des bons de commande
  • Automatisation des processus d’approbation de factures
  • Conversion des formats de factures
  • Préparation des bons de commande
  • Extraction des données et automatisation des workflows entre les systèmes bancaires, d’inventaire etc.

Les avantages et inconvénients, ainsi que les potentiels business models du RPA sont discutés dans [4]. Un des avantages du RPA, étant qu’il ne nécessite pas de gros changements dans les systèmes informatiques car tout se joue plutôt au niveau de l’interface homme machine. En général, le RPA est très bien adapté pour les tâches manuelles répétitives, mais moins intéressant pour les tâches nécessitant de l’analyse, et les tâches non routinières.

Si vous avez besoin de conseils sur les technologies et comment les mettre en place, n’hésitez pas à nous contacter !

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Références

  1. https://www.ploutos-origins.com/index.php/2023/01/19/facturation-electronique-estonie/
  2. https://www.billentis.com/e-invoicing_ebilling_market_report_EN.htm
  3. https://arxiv.org/abs/2010.07636
  4. https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1057/jittc.2016.5?journalCode=ttca